7 décembre 2017
L’année 2017 se termine avec précipitation. Comme une conclusion, pour ces gens célèbres récemment disparus. Qui ont contribué au monde. Qu’on aime ou pas. C’est un peu notre vie qui s’enfuit. Nous rappelle au souvenir de notre propre fragilité. Nous ne serons pas les derniers. Je suis, cependant, étonné de lire certaines réactions. Le terme « réaction » choisi dans sa signification sociale. Pourquoi dénigrer l’importance de l’émoi suscité par la disparition de Johnny Hallyday ? Je dis bien Johnny Hallyday. Pas Jean- Philippe Smet. Non, il n’était pas dans mon environnement musical. Je n’ai jamais acheté ses disques. Jamais allé à ses concerts. Pas vraiment fan. Mais qu’a-t-il fait pour susciter si peu de respect, que l’on doit habituellement à ceux qui ont marqué nos heureuses jeunesses ? Par ceux-là, qui promettent le bonheur à chacun. Sont-ils donc, à ce point, « Insoumis » à leur propre émotion. Comprenne qui pourra.
« J’ai un problème », « Oh ! Ma jolie Sarah » ; Slows des premières amours. Ce n’est pas Jean Philippe Smet que l’on pleure. Mais, la mémoire de nos petits bonheurs perdus. Et puis son cancer, c’est vraiment la mort en souffrance à petit feu. Alors, je lui dois bien une menue sincérité.
Cela ne m’empêche pas de penser à mes amis les plus proches récemment disparus.
Les poissons d’abord.
Les tristesses ne se soustraient pas.
« Ta gueule ! Salope ! ».
Je crois avoir mal compris. Je m’approche d’une dame d’un âge certain. Les mots viennent de sa bouche. Elle est en conversation avec Sylvia. C’est mon aquariophile. Je me précipite. La respectueuse cliente raconte qu’elle a recueilli un perroquet Cacatoès. Le piaf lui sort ça tous les matins. Elle, qui vient de divorcer ! Elle s’en remet pas, la pauvre dame. La jeune vendeuse, confuse, lui confie, que, maintenant, il sera compliqué de le faire taire.
Elle lui conseille de prendre des « Inséparables ».
Revenons-en à mes poissons.
Finalement et par déduction, me dit mon aquariophile préférée, ils n’ont pas mis fin à leur jour, les fretins. Oui, parce qu’un suicide de masse implique un environnement sectaire. Ce qui n’est pas évident pour des animaux aussi peu bavards. C’est donc le froid. La jeune commerçante m’accuse alors de ne pas avoir suffisamment chauffé la maison. C’est de la maltraitance qu’elle me dit.
Vous auriez pu me conseiller un système de chauffage pour aquarium, lui rétorqué-je. Je ne savais pas que c’étaient des poissons tropicaux.
Elle me fait alors un discours sur le changement climatique. Je n’ai rien compris. Comme je voulais éviter une dispute, avant même que nous fissions connaissance, j’ai admis mes tords et lui ai demandé si elle voulait tout de même vérifier la température de mon salon. Oui. J’ai dit ça ! Je ne sais pas pourquoi. Je suis passé par toutes les couleurs, jusqu’au rouge. Comme mes poissons. J’avais envie de plonger dans un aquarium. Je n’ai pas attendu la réponse. Finalement, je suis reparti avec deux autres combattants. Puis, je suis allé acheter des filets de daurade. Il y a plusieurs manières d’apprécier la poiscaille.
Je ne veux pas casser l’ambiance, mais ce sera difficile pour le téléthon, cette année. Déjà que les gens sont moins généreux. Non, ce n’est pas une question de richesse. Quand je faisais du dépannage à domicile, au cours de ma première vie, Il y a trente ans. Les gens donnaient toujours quelque chose à la fin. Un coup à boire, souvent. Une invitation à diner. Et même, parfois… Non. J’arrête. Déjà que je suis fiché. Non, pas « S ». Ne dites pas n’importe quoi. En tout cas, régulièrement, c’était de la petite monnaie en pourboire. Parfois, un gros billet. Pourquoi, je vous dis ça ? Parce que ce n’était pas vraiment lié au niveau de fortune des clients. Et si je me souviens, les plus généreux étaient souvent les moins pourvus. C’est plutôt une histoire de disponibilité. Regardez. Moi, par exemple, je caresse mes chats, tout en faisant autre chose, lecture, ordi, papiers, téléphone. Mais quand je cause avec un interlocuteur désagréable, et que je commence à m’énerver, mon chat se taille en courant, comme s’il ressentait que ce n’était pas le moment. Bref, que je n’étais plus disponible.
Jean d’Ormesson, comme mes poissons, n’a pas eu l’hommage escompté. Difficile pour un grand écrivain de mourir en même temps qu’un prince de la scène.
Restez vivant1 est quand même préférable.
Et moi, je vis toujours 2. Tant que vous penserez à moi3. N’est-ce pas ?
- Johnny Hallyday-1994
- Jean d’Ormesson-2018
- Jean d’Ormesson-1994

En te lisant, je chante tout le temps « la maman des poissons » de Bobby Lapointe. Pour le reste… je suis comme Jean-Marc, je ne peux pas dissocier l’oeuvre de l’auteur(s), du chanteur…
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Merci Chantal, pour ton commentaire 🙂
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Salut Max
Quand l’un choisit pour lieu de sépulture une île des Antilles à bonne distance de ses fans comme il l’était auparavant protégé des importuns, que ce soit dans sa résidence de Marne la Coquette, dans sa propriété de Gstaad, ou celle de Los Angeles, et que l’autre, ci-devant Monsieur le Comte, choisisse de brûler en enfer pour compenser une vie de douce plénitude, ça nous donne une idée du peu de considération qu’ils pouvaient avoir à l’égard de nous autres, gens de peu pour lesquels ils n’avaient jamais eu « l’envie d’avoir envie » de côtoyer, sinon à bonne distance.
Et quand on voit l’engouement et la ferveur manifestée par les témoignages de certains, ça nous donne une petite idée de l’affect des peuples au temps des pharaons, des foules fanatisées par les religions, ou par la cristallisation d’une psychose collective réunissant tous les malheurs qu’ont à vivre les hommes.
Ressentir leur douleur nous permet-il de nous rapprocher d’eux ?
Où va se nicher l’identification ?
Chacun voit midi à sa porte selon ce qu’il vit et ce « qu’il a envie d’avoir envie » d’interpréter… voire d’éprouver.
Quant au cacatoès de cette dame, j’ai cru un moment que le mari était mort et que le piaf était devenu la réincarnation du mari, mais te relisant, je me rendais compte qu’elle n’était que divorcée, je me suis alors dit que le cher et tendre avait dû prodiguer au perroquet une formation accélérée avant de la quitter.
Quant à ta petite sirène, j’ai dans l’idée qu’elle te fait le même effet que les infirmières de Gustave Roussy ont pu me faire, et je suis prêt à supputer que tu n’as pas hésité à sacrifier tes poissons pour échanger avec elle.
Où cela va-t-il donc se nicher ?
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Merci, Jean Marc, pour ton commentaire encore une fois, très argumenté. Quand je te lis, j’ai toujours l’impression d’être d’accord avec toi, sur l’essentiel. Je dissocie simplement l’œuvre, de l’artiste. J’ai adoré lire « Voyage au bout de la nuit » de L.F Céline. Mais je n’aime pas la personne. De toute façon, je trouve précieuse, ta fidélité à me lire. Mes humeurs n’ont pas d’importance. Amitiés. Max
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Je n’ai lu aucune oeuvre de Céline alors que Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit sont dans ma bibliothèque car ma femme les a lus… et appréciés.
Et je ne sais pas pourquoi. Peut-être pour me garder de ressentir une empathie pour le personnage qu’il était car si je me prends à l’apprécier, je crains de faire mourir une nouvelle fois ceux qui sont morts consécutivement aux sentiments qu’il prônait et qu’il partageait avec d’autres à l’époque.
Je ne sais pas ce que j’aurais fait placé dans les mêmes circonstances, à vivre les mêmes événements aux mêmes moments et c’est la raison de mon malaise.
Je ne sais pas dissocier l’auteur de son oeuvre.
C’est peut-être la raison pour laquelle je ne me suis pas dirigé vers la profession d’avocat.
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Comme tu as raison, mon cher Frere… Comme tu me fais rire… Meme si c’est dimanche, qu’il pleut, que tout est calme, noir, et… triste…
Tu sais, je partage les memes sentiments que toi pour notre Johnny « populaire », comme « ils » disent… Oui, ses obseques ont ete celebrees comme il le meritait, cela lui ressemblait tellement… Et BRAVO LES GENS !!!
Pour l’hommage national a Monsieur D’Ormesson, c’etait aussi discret et sage comme lui meme. Nous nous souviendrons de cet Homme, comme nous nous souvenons a chaque instant de Messieurs Brassens, Brel, Ferret, colucci, Madame Piaf, Monsieur Desproges… Et tous ceux qui nous ont marques a tout jamais par la valeur de leurs mots, et de leurs maux… Ne jugeons, ni ne condamnons personne, chacun a tellement sa propre place dans ce monde plein d’espoir.
Prends soin de toi mon FRERE cheri, et contacte des editeurs… Tu pourrais faire des « tomes ».
Je t’aime infiniment, Isa
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Merci Isa. 🙂 🙂 🙂
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