19 – La dérive

Mercredi 18 Octobre 2017

– Hé ! Bidule ! Tu vas où comme ça ?

– J’en ai ras la casquette de ce foutu monde.

– Misanthrope ! Et tu feras quoi, après ?

– Je serai tranquille. Plus personne pour m’ennuyer.

– Dis que ce n’est pas vrai. Que tu as le moral dans les chaussettes. Que ça arrive. Que demain, y fera jour. Et que tout sera comme avant.

– Je ne peux pas le dire. Fatigué, que je suis.

– Enfin, C’est quoi ton problème ?

– Je m’ennuie.

On peut vivre sans plein de choses, oui. Sans maison avec piscine, sans S.U.V, sans vacances aux Baléares, sans promotion, ni avancement.

Mais sans passion, non !

– Mais comment y font, les autres ? Ceux qui ont oublié.

– Je sais pas, moi ! Ils sont morts en vérité. Ils ne le savent pas, c’est tout.

– Mais alors, bats-toi, Nom de Dieu !

– Je suis fatigué, que j’te dis. Plus envie…

Bon, je refais la page.

Quoi ?

C’est écrituré, scribouillé, dramatisé. On n’y croit pas.

Pourtant ça peut être du vécu.

Justement. Les gens se foutent de ta réalité. Ils veulent de l’émotion. Fais-les rire, pleurer, chanter, danser, crier. Avec des histoires. Avec ton histoire. Qu’elle soit juste ou inventée ? Cela importe peu. Des salades, ils en connaissent plein, les gens. Alors la tienne… Non, ce qui compte, c’est comment tu la racontes. Comment tu la vis au moment où tu la mets sur le papier.

Par exemple :

Horreur, ce matin, du côté de Nîmes. On a retrouvé un jeune adolescent, la tête plongée dans un abreuvoir à bestiaux ; son pantalon abaissé jusqu’aux chevilles. Les gendarmes sur place, réalisent les premières investigations. D’après une source proche des enquêteurs, il s’agit probablement d’un viol, suivi d’un meurtre.

Somme toute, c’était un fait divers épouvantable mais d’une certaine banalité au regard des atrocités commises sur notre jolie planête.

Mais si je vous dis que cette chronique des années quatre-vingts a balayé l’insouciante tranquillité de nos vingt ans. Qu’elle nous a précipité dans une autre réalité du monde. Qu’elle a construit en chacun de nous, une sournoise mélancolie, bousculant notre humeur au hasard de nos solitaires instants. Nous, c’était notre bande de copains. Il ne fallut rien. Pas grand-chose. Pour raffraichir notre candide optimisme.

Ca y est. J’ai réussi à accrocher votre attention.

En attendant, je suis énervé. Les gens ne respectent plus rien. Et surtout pas le code de la route. Le retour de ma mauvaise humeur est le signe d’une certaine guérison. Oui, je parle comme un vieux. C’est normal, j’en suis un. Je veux dire, part rapport à ma fille, par exemple. Et vous aussi mes nièces. Ainsi que toi, ma toute nouvelle jeune fiancée.

Non, non. C’est pas vrai. Je plaisante.

Il faut faire attention à ce qu’on dit, en ce moment. Et ce qu’on fait.

Tiens, je n’ose même plus sourire à ma voisine. Elle pourrait appeler les gendarmes pour harcellement mimique labial. Surtout avec ma paralysie faciale. Alors là, comme disait Coluche : souris jamais à un flic. Parce qu’il y a outrage. Comme en plus, avec Monique, on a bien vingt ans de différence, je pourrais être accusé de pédophilie. Non, non, rassurez-vous. Elle en a quarante. Les gens prennent tout au sérieux, vous savez. Surtout quand ils croient que vous êtes malade.. En tout cas, je suis jeune. Si je me compare à mes autres voisins. Moyenne d’âge, quatre-vingt-cinq ans. Vous voyez, tout est relatif.

Je reviens au code de la route. J’en ai marre de ces conducteurs de gros 4X4 qui sillonnent les centres ville à toute berzingue. Oui, on ne dit plus 4X4 mais S.U.V. C’est pareil. Ca fait plus classe, Ils circulent sans complexe et surtout sans ralentir dans ma rue, limitée à 30 km/h et malgré les ralentisseurs. Ils s’en fichent, c’est des amortisseurs en uranium appauvri. Evidemment, j’engueule surtout les femmes, parce que chez nous, les hommes sont armés. Non, je ne suis pas courageux. Remarquez, l’autre fois, je suis tombé sur une dame qui m’a hurlé dessus. Elle avait tort évidemment. Mais, ça m’a refroidi. Maintenant, je préfère jeter des clous par terre. Ni vu, ni connu. C’est pas vrai, bien sûr..

  • Tu sais la différence entre une serviette hygiénique et un S.U.V que j’demande à Monique ?
  • Elle me regarde, méfiante. Ben non.
  • Y’en a pas !
  • Ah bon ?
  • Ben non. Les deux sont faits pour les trous du cul.

Bon, elle n’est pas de moi, mais je l’ai transposée.

Je vais encore me faire des amis…  Surtout à Castelnau !!!

 

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5 commentaires sur « 19 – La dérive »

  1. Bonjour Max, mon ex ami 🙂
    Dur de découvrir qu’on est un trou du cul. Déja que c’est pas facile d’assumer la cinquantaine ! Bon en même temps je préfère ça qu’une serviette hygiénique.
    Et puis avec les clous je vais plus pouvoir passer par ta rue.
    Au fait es tu content de ta nouvelle voiture ? Fais gaffe aux clous quand même.
    Bises du trou du cul malgré tout 🙂

    Aimé par 1 personne

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